Après un important travail sur les mémoires de la guerre d’indépendance de l’Algérie, la ville de Rouen poursuit celui sur les mémoires de l’esclavage. Mercredi 10 mai, pour la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, une balade commentée par la Youle Compagnie a notamment précédé le lancement d’une exposition sur la mémoire de l’esclavage, fruit d’une réflexion collégiale avec les villes d’Honfleur et du Havre. Après Bordeaux, Nantes ou La Rochelle, c’est une grande première pour ce coin de France qui entend faire la lumière sur l’implication du territoire normand dans le commerce triangulaire aux XVIIIe et XIXe siècles en confrontant objets des collections et témoignages contemporains. De la Seine à la Manche.
esclavage
Nantes et la traite négrière : une ville lucide face à son histoire

Nantes fut le premier port négrier français au XVIIIe siècle. Plus d’un demi-million d’esclaves ont été transportés par des armateurs nantais dans le cadre du commerce triangulaire, ce trafic aussi odieux que lucratif qui a fait la fortune de grandes familles locales. Mais Nantes fut également la première ville de France à assumer ce sombre passé en face. Avec l’esclavage en héritage, la cité des Ducs a fini par inaugurer un Mémorial en 2012. Dix ans plus tard, une exposition, L’Abîme, lève le voile avec lucidité sur cette histoire complexe. Comme pour rappeler que la lutte actuelle contre les discriminations passe aussi et avant tout par ce travail de mémoire. Immersion au cœur d’une ville pionnière sur ces questions. Une ville qui, à chaque coin de rue, porte les traces de ce business d’exploitation.
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